1. L'île aux Fagots

Bienvenue à bord de notre barque pour une visite des hortillonnages d’Amiens. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à l’histoire de l’île aux fagots.

L’île aux fagots est l’une des îles les plus emblématiques des hortillonnages d’Amiens. Elle doit son nom à l’usage que l’on faisait autrefois de ses branches flottantes, appelées des “fagots”.

Au Moyen Âge, le bois était rare et précieux. Toutes ces branches récoltées à l’île aux fagots étaient utilisées par les habitants d’Amiens comme bois de chauffage.

Au 19ème siècle, l’île a été  créée par les hortillons pour y cultiver des légumes. Les hortillons étaient des jardiniers qui cultivaient des légumes dans des parcelles de terrain renfermées sur des îles et reliées entre elles par des canaux, appelé «  rieux ». L’île aux fagots est toujours accessible uniquement par bateau et plus récemment à pied par le chemin de Hallage

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’île a été utilisée pour cacher des résistants et des aviateurs alliés. Elle était alors surnommée “l’île des robinsons” en référence aux personnages du livre de Daniel Défoe, « Robinson Crusoé »

Au 20ème siècle, l’île aux fagots se transforma en lieux de loisir avec la création d’une piscine naturelle, alimenté par l’eau vive de la rivière Somme

Aujourd’hui, l’île aux fagots est devenue un centre pédagogue pour les classes de primaire de la ville d ‘Amiens sur la sauvegarde de la faune et de la flore.

En outre, l’île aux fagots est un lieu public ou se déroule une exposition d’œuvres d’art contemporaine, appelé « art, ville et paysage » qui se tient chaque année de juin à Octobre.

2. Rieux du malaqui ou Rieu aux galets

Maintenant, je voudrais vous parler de la faune qui habite dans cet écosystème unique.

Je voudrais mettre l’accent sur les espèces qui vivent dans ces eaux claires et parfois peu profondes.

Les hortillonnages sont un véritable sanctuaire pour la faune aquatique. Les canaux et les étangs, ainsi que les jardins flottants qui les bordent, permettent un environnement unique pour de nombreuses espèces d’animaux. Les eaux des hortillonnages sont riches en nutriments, ce qui permet à la vie de s’y développer abondamment.

Vous pourrez observer de nombreuses espèces de poissons, comme la tanche, le gardon, la carpe, le brochet, la perche ou encore le sandre. Ces poissons peuplent les eaux des hortillonnages et constituent une source de nourriture pour les autres animaux de la région.

Mais les poissons ne sont pas les seuls habitants de ces eaux claires. Vous pourrez également observer des invertébrés comme les écrevisses, les moules, les escargots d’eau douce, ou encore les larves de libellules qui se développent sous l’eau avant de devenir des libellules adultes. Ces espèces sont souvent méconnues mais sont pourtant essentielles à l’équilibre écologique des hortillonnages.

Les hortillonnages sont aussi un lieu de vie pour de nombreuses espèces d’oiseaux, à la fois sédentaires et migratoires. En effet, la diversité des habitats offerts par les canaux, les étangs, les marais et les jardins flottants permet à une grande variété d’oiseaux qui trouvent refuge dans cette zone humide.

Vous pourrez observer des oiseaux sédentaires tels que le héron cendré, le martin-pêcheur, la foulque macroule, le grèbe huppé, le canard colvert ou encore la bergeronnette des ruisseaux. Ces oiseaux ont élu domicile dans les hortillonnages et y vivent toute l’année.

Mais les hortillonnages sont également une étape importante pour les oiseaux migrateurs. Chaque année, des milliers d’oiseaux traversent cette région pour se nourrir et se reposer avant de poursuivre leur migration. Vous pourrez ainsi observer des espèces telles que le vanneau huppé, le tarier pâtre, la sarcelle d’hiver, la bécassine des marais ou encore la cigogne blanche.

Les hortillonnages sont donc un lieu privilégié pour l’observation des oiseaux. Tout au long de notre balade en barque, vous pourrez découvrir ces espèces dans leur habitat naturel et observer leurs comportements.

3. Rieu du peuple, (« place des mariés », « Maxime »)

Pour continuer notre découverte, je voudrais vous parler de la flore, en mettant l’accent sur les plantes sauvages et ornementales qui embellissent les berges des jardins privés ainsi que les cours d’eaux.

Les hortillonnages sont un véritable havre de paix pour la flore sauvage. Les berges des canaux sont bordées de nombreuses plantes aquatiques , comme les nénuphars, les iris des marais. Ces plantes sont parfaitement adaptées à l’environnement des hortillonnages et contribuent à la beauté naturelle de la région.

Il y a également des plantes émergentes, comme les massettes, les roseaux et les joncs, qui se dressent au-dessus de l’eau et permettent des refuges pour les oiseaux aquatiques et autres animaux.

Les nénuphars, qui sont peut-être les plus connus, sont également présents dans les hortillonnages. Ils offrent une touche de couleur sur l’eau et servent d’abris pour les poissons et les amphibiens.

On voit aussi les élodées , qui sont des plantes submergées, qui peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur et fournissent des abris pour les poissons et autres animaux aquatiques.

Mais les jardins flottants qui bordent les canaux et les étangs sont également un véritable enchantement pour les yeux. Les propriétaires de ces jardins ont su conjuguer l’art de la décoration et celui du jardinage pour créer des espaces magnifiques où les plantes ornementales côtoient les légumes et les fruits. Vous pourrez admirer des plantes telles que les géraniums, les pensées, les capucines, les laitues ou encore les fraisiers, le tout dans un cadre naturel et apaisant.

Il est important de souligner que les hortillonnages sont aussi le foyer de nombreuses plantes sauvages et rares, certaines sont même protégées. Il est donc important de respecter la nature et de ne pas cueillir les plantes sauvages qui embellissent la région. Cette richesse végétale est fragile et nécessite d’être préservée pour le plus grand bonheur de tous.

4. Nisso, maison en dur , bleu ciel

Les hortillonnages d’Amiens sont un lieu unique et emblématique de la ville, qui représente un patrimoine naturel, culturel et historique important. Ces jardins flottant créés au Moyen Âge pour cultiver des légumes et des plantes aromatiques sont aujourd’hui devenus un lieu de promenade, de détente et de découverte pour les habitants et les touristes.

De nombreux propriétaires de parcelles ont intégré des cabanons sur leurs terrains pour pouvoir y passer du temps en famille ou entre amis, y organiser des barbecues ou des pique-niques, et profiter de la nature environnante. Cependant, ces constructions ont suscité des inquiétudes quant à leur impact sur la préservation de ce milieu fragile.

C’est pourquoi la ville d’Amiens, en collaboration avec les différents acteurs locaux, a mis en place des mesures pour assurer la protection et la sauvegarde des hortillonnages.

La construction de cabanons est désormais soumise à des règles strictes, notamment en termes de taille, de matériaux et d’emplacement.

Pour renforcer cette gestion écologique des hortillonnages, visant à préserver la biodiversité et à favoriser l’installation d’espèces animales et végétales rares et menacées. Les hortillonnages d’Amiens ont été inscrits sur la liste des sites Ramsar en 2008.

La convention Ramsar est un traité international pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides., reconnaissant ainsi leur importance pour la conservation de la biodiversité et leur rôle dans la régulation des cycles de l’eau.

La Convention de Ramsar est un traité international signé en 1971 pour la protection des zones humides dans le monde entier. Elle tire son nom de la ville iranienne de Ramsar où elle a été signée pour la première fois.

La Convention de Ramsar a pour objectif de protéger ces zones humides et leur biodiversité, tout en encourageant leur utilisation durable. Elle encourage également la coopération internationale pour la protection des zones humides transfrontalières, ainsi que la participation des populations locales et des parties prenantes dans la gestion et la conservation des zones humides.

Cette convention reconnaît l’importance écologique, culturelle, économique et récréative des zones humides.

Ainsi, les hortillonnages d’Amiens, en tant que zone humide protégée par la Convention de Ramsar, bénéficient d’une reconnaissance internationale en tant qu’écosystème important et irremplaçable. En prenant soin de ces zones humides, nous contribuons à la préservation de la biodiversité, de la qualité de l’eau et de l’ensemble des services écosystémiques qu’elles fournissent. C’est pourquoi il est important de sensibiliser le public à l’importance de la protection des zones humides, et d’encourager les actions visant à protéger ces écosystèmes précieux pour les générations futures.

5.Rieu de la « «terre d'aguère »

Actuellement, nous traversons de grands étangs clôturé et privé qui furent jadis une des zones d’exploitation de la tourbe.

La tourbe est un combustible fossile formé par la décomposition de la matière organique dans les zones humides. Pendant des siècles, les habitants des hortillonnages ont exploité la tourbe pour chauffer leurs maisons, cuire leur nourriture et fertiliser leurs jardins.

Cependant, l’exploitation de la tourbe a également eu un impact significatif sur les paysages des hortillonnages. La tourbe était extraite en creusant des fosses, ce qui a créé des trous dans le sol et modifié la topographie.

Ces larges étendus d’eau ont ensuite été remplis d’eau pour les anciens canaux que nous voyons aujourd’hui.

La tourbe a également été utilisée pour construire des maisons et des bâtiments dans la région, ce qui a entraîné la destruction de vastes zones de tourbières.

Depuis le 19ème siècle, avec l’essor de l’industrie, l’exploitation de la tourbe a disparu en totalité dans les hortillonnages d’Amiens.

6. Rieu de la « basse boulogne » .

Sur la rive droite, on peut voir une pancarte à fond vert sur lequel est affiché un nom « rieu de la basse boulogne », donnés aux cours d’eau. Ces cours d’eau sont appelés « rieu », en langue Picarde.

Chaque rieux balisé aide à mieux se reperer et circulé paisiblement dans ce labyrinthe de ruisseaux.

On compte 65 km de canaux qui circulent dans les 300 hectares des Hortillonnages sauvegardés.

Pour faire face à la menace de par les activités humaines, telles que l’urbanisation et la dégradation de l’environnement suite à la disparition progressive de l’activité maraîchère, des passionnés du site ont décidé de se mobiliser pour protéger ce joyau de la nature et de créer une association dédiée à sa préservation.

C’est en 1975, que l’association de la protection et de la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages fut créé officiellement par les propriétaires des parcelles.

A ce jour, cette association continue a œuvré pour la restauration des berges afin de faire face a l’érosion naturelle des rives et à lutter contre l’expansion des habitats naturelle causés par la faune comme le rat musqué.

L’association intervient également toute au long de l’année, pour lutter contre l’envasement des canaux et la prolifération rapides de la végétation aquatique invasive dans les cours d’eau.

Grâce à ses actions, les visiteurs peuvent continuer à profiter de la beauté et de la richesse de ce lieu exceptionnel, tout en respectant la nature et en contribuant à sa protection.

7. Rieu d'orange

Sur la rive droite, on peut apercevoir dessiner sur la façade de la cabane deux personnages représentant deux marionnettes de la compagnie de « chez cabotans d’Amiens », « Lafleur et son épouse Sandrine ».

La compagnie des Cabotans d’Amiens a été créée en 1926 par une famille d’artisans amiénois.

Au départ, ils utilisent des marionnettes en bois pour raconter des histoires populaires de la région, comme celle de Totoche le boulanger ou de Jeanne la Fileuse. Leur répertoire s’est ensuite élargi avec des adaptations de contes célèbres comme “Le Petit Chaperon Rouge” ou “La Belle au Bois Dormant”.

Au fil des années, la compagnie des Cabotans d’Amiens a gagné en notoriété et a été invitée à se produire dans de nombreux festivals de marionnettes à travers le monde. En 1958, ils ont créé leur propre théâtre à Amiens, “La Maison des Cabotans”, où ils ont présenté des spectacles pendant plus de 40 ans.

Aujourd’hui, la compagnie est toujours active et continue de perpétuer la tradition des marionnettes en bois en les adaptant à notre époque. Elle perpétuer aussi  la langue régionale de la Picardie, le Picard.

Les spectacles des Cabotans d’Amiens sont un véritable spectacle visuel, avec des marionnettes articulées à la main et des décors soigneusement conçus pour plonger le public dans un univers féerique.

8. Rieu du peuple , vue sur la cathédrale

Devant nous, on apperçois dans le ciel, la flèche de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, un chef-d’œuvre de l’architecture gothique qui a été construit au XIIIe siècle.

La construction de la cathédrale d’Amiens a été entreprise en 1220, sous le règne de Philippe-Auguste, roi de France. Elle a été financée par les riches artisans de la ville d’Amiens, qui étaient alors à la tête d’une économie florissante grâce à leur savoir-faire et leur commerce.

En effet, la ville d’Amiens était un important centre de production textile, de cuir, de verre et de céramique. Ces artisans étaient réputés pour leur habileté et leur qualité de travail. Ils ont donc largement participé au  financement de la construction de la cathédrale, ce qui leur a valu une reconnaissance sociale importante.

Cependant, il y avait une activité qui a compensé de manière significative à la construction de la cathédrale, et qui est souvent négligée dans les commentaires sur ce monument : la production de teinture bleu pastel par les waidiers locaux. Les waidiers étaient des artisans spécialisés dans la production de cette teinture avec une plante appeler la « waide » ou la « guède », qui était très recherchée à l’époque pour sa couleur vibrante et durable.

Les waidiers participer à l’ouvrage de la cathédrale en fournissant la teinture bleu pastel pour les tissus utilisés dans la décoration et les vêtements sacerdotaux. La teinture était également utilisée pour colorer les vitraux de la cathédrale, qui sont encore aujourd’hui considérées comme l’une des plus belles réalisations de l’art gothique.

La production de teinture bleu pastel a joué un rôle crucial dans l’économie d’Amiens, car elle était exportée dans toute l’Europe et a permis à la ville de prospérer pendant des siècles.

La construction de la cathédrale a également été une source de travail pour de nombreux artisans, tels que les tailleurs de pierre, les maçons, les charpentiers, les vitrailllistes, etc. Ce projet ambitieux a donc été un véritable catalyseur pour l’économie locale et à la prospérité de la ville entre le 13ème siècle et le 16ème siècles.

9. Arriver Ô Jardin

Sur  la gauche on aperçoit des maisons qui bordent le chemin  de hallage, construite pour les plus ancienne au début du 20ème siècles.

Le chemin de hallage, qui longe la Somme, est un lieu de promenade très prisé. Les gens s’y promènent à pied ou en barque, admirent le paysage et profitent de l’air frais.

Dans les années 1930, on y trouver des établissements appelés des Guiguettes.

Les guinguettes étaient des établissements de plein air situés le long des berges de la Somme. Les gens venaient s’amuser en famille ou entre amis, profitent des spectacles et des attractions proposés.

En été, les guinguettes étaient particulièrement animées, avec des bals en plein air, des concerts et des feux d’artifice.

Cette période d’entre-deux-guerres était une période de libération et de joie de vivre après les années difficiles de la Première Guerre mondiale.

Les guinguettes ont joué un rôle important dans cette période, en offrant aux gens un espace de détente et de divertissement.

Les chansons populaires, les danses, les jeux et les attractions étaient autant de moyens de se divertir et de se changer les idées.

En somme, les guinguettes du bord de la Somme ont été un élément clé de la vie sociale de la ville d’Amiens pendant de nombreuses années.

Le chemin de hallage était un lieu de rencontre et de convivialité, où les gens pouvaient profiter de la nature et se divertir.

La période des années « folles » a été marquée par un esprit de liberté et de joie de vivre, et les guinguettes ont joué un rôle important dans cette époque de l’histoire.

Aujourd’hui, on continue a venir profiter de cette ambiance paisible en plein cœur de la ville.

L’établissement « Ô jardin » perpétue cette ambiance festive de la belle époque ou l’on peut venir se restaurer et faire des visites en barques en famille, entre amis ou en amoureux.